Pour fuir avec un minimum de certitude sur le fait de ne plus à avoir à rencontrer de « maudits français », j’ai décidé de partir pour mon premier voyage avec la Deuche, le samedi 06 octobre en début d’après-midi avec seulement sous le bras, non pas une baguette mais la carte Michelin « REGIONAL 501 » et un short de bain (comme il faisait beau ?!).
Mon idée était globalement de monter vers le Nord pour atteindre le « Loch Rannoch » (« Perthshire & Kinross »), de taille moyenne mais un vrai Loch et non pas un lac (i.e. long et étroit issu d’un ancien glacier).
J’ai voulu quitter Edinburgh par l’autoroute M9 puis continuer sur la M90 en direction de Perth mais compte tenu du fait que ce sacré « Forth Bridge Road » est encore en travaux (une file au lieu de quatre, voyez un peu ! – « Mais ça va durer encore longtemps ce bordel ? » –) et qui fallait attendre encore longtemps avant de l’emprunter, j’ai pu gagner au moins… dix minutes en bifurquant sur la ville de Stirling (vous savez, le moteur !).
Trêve de niaiseries, j’ai immédiatement décroché à hauteur de Greenloaning pour prendre les petites routes (country side) et d’office c’est une brume légère qui m’accueille (je n’avais jamais eu jusqu'à présent, l’obligation d’allumer mes phares à quinze heure !).
Ma première halte s’est faite à Crieff où un festival (mini concert) de cornemuses avec visiblement plusieurs écoles rassemblées, se préparait. Avec des personnes de tout âge, en tenue traditionnelle bien sûr, nous avons écouté cela (après avoir vu pour ma part l’échauffement sur le parking).
La « MG » trône majestueusement en ce qui concerne les voitures de collection et pourtant en entrant dans Crieff, j’ai quand même vu une dame laver son Acadiane…
J’ai quitté Crieff après y avoir acheté le manger pour le soir et j’ai repris la route à trois chiffres (plus y’a de chiffres, plus elle est petite). J’y ai rencontré des moutons bien élevés qui étaient bien dans leur pâtures (c’est loin d’être toujours le cas lorsqu’il sont cachés dans la bruyère violette en cette saison, sur le bas coté alors « watch out !», croyez moi). A les regarder vivre, à voir leur environnement, on comprend pourquoi ces bêtes feront les meilleurs tartans du monde et pourquoi les écossais ont raison d’aimer leur pays.
La route continue de s’assombrir (voire se mouiller) en gagnant de la latitude mais certaines éclaircies se font voir ci et là mais on ne semble jamais pouvoir les atteindre. Sur la route menant à mon objectif premier (Loch Rannoch) s’enchaîne : « cottages », routes étroites (où une « Passat break » et une 2CV ça va mais pas une « Passat break » et une « Volvo »…), moutons sur la route et autres animaux sauvages…
C’est donc mon premier Loch que je découvre par sa rive Nord (il est orienté Est-Ouest) et c’est également là que je décide de mettre ma boîte de boulettes de viande achetée à Crieff dans le moteur, pour qu’elle réchauffe.
En poursuivant ma route sur la rive, j’ai rencontré un établissement MacDonald (mais le premier menu n’y est pas à £4.49…).
C’est maintenant que ça devient drôle, il commence à faire noir (et toujours cette jauge d’essence qui flanche), je ne vois plus les panneaux et ainsi j’arrive tranquillement à « Rannoch Station » où tout simplement tenez vous bien, la route s’arrête, elle n’est pas finie ! Comme j’ai fait pratiquement 5 miles (soit environ 8 km), j’ai baptisé ce pays « l’Ecosse, ou le pays des culs-de-sac géants ».
Même s’il n’est que 20h00, il fait noir et je pense à mon proche arrêt, pour la nuit. Le pays est petit et je prend la rive Sud du Loch avec comme objectif Fort William (cela représente des dizaines de miles quand même).
Vous savez, ce n’est pas un mythe, les routes de campagne son très sombres, souvent étroites et il y a beaucoup d’arbres (se « refermant » au dessus de nous) à mon grand étonnement. Bref, cette noirceur, ces feuilles d’automne et la rareté de croiser une autre voiture confère aux miles parcourus jusqu’à Crianlarich, une idée qui fait peur, cette idée de film d’horreur.
J’ai donc réussi à atteindre la civilisation à Crianlarich (je ne suis même plus sûr, il fait froid et j’ai les mains encore crispées) où je me suis installé quelques heures au « Paddy’s » pour boire quelques pintes et surtout regarder la deuxième partie du match de rugby (France-NZL). Là, il y avait un enterrement de vie de jeune fille (« hen night ») et un anglais (pas un écossais qu’on s’entende) qui a vu, je ne sais comment que j’étais français (certainement à cause du match). Il était content qu’on gagne et ma payé une autre pinte. Il parlait bien français car il avait travaillé à Quiberon pour une ONG. Il était là ce soir avec un groupe pour faire de la randonnée le week-end. On a beaucoup discuté, j’ai bien appris et il me parlait français et je lui répondait en anglais, c’était pas mal.
Finalement, je n’arriverai pas à Fort William ce soir et c’est aux abords de l’A82 (mais où ?) que je passe la nuit. Dans la voiture après avoir démonté la banquette avant, il n’a pas été facile de s’endormir (trop de calme, angoisses…) mais la fatigue reprend le dessus dans ce cas. Mal dormi et levé à 05h00, je prépare gentiment le départ de ce dimanche. Après avoir tout remonté et enlevé la couche d’eau à l’intérieur des carreaux, je pars en direction de Fort William qui n’est vraiment qu’à quelques tours de roue.
Après avoir fait le plein, je me dirige vers Fort Augustus (si vous avez une carte, on comprend tout de suite où je veux aller) pour découvrir le Loch le plus célèbre d’Ecosse, qu’il est inutile de nommer.
C’est l’aube, il y a de la brume à couper au couteau et j’ai même utilisé l’essuie-glace. J’emprunte la B852 via Foyers et Dores jusqu'à Inverness. Cette route fut magnifique (biches, lapins…) jusqu'à ce qu’un faisan vienne s’éclater sur mon pare-brise mais comme je ne roule pas vite, personne n’a rien eu et tout le monde était content…
C’est là que je réalise que je suis content d’être là, à l’aube, avec la brume couvrant à moitié le Loch plutôt que dans un bus bondé de cons !
Voilà dimanche matin, je déjeune à Inverness au MacDonald (celui au menu à £4.49 cette fois) et redescend de l’autre coté (A82) pour gagner l’Ile de Skye. Au fait, je ne vous ai pas dit, je suis dans les « Highlands » depuis Fort William à peu près.
Sur cette route le décor change du tout au tout, plus de bois mais des montagnes (collines) comblées par les fougères et les bruyères (je ne parle pas des moutons mais ne les oublions pas hein !) qui virent entre le pourpre et les marrons.
Je passe aux cotés des Loch Cluanie puis Loch Duich et je décide de faire faire un peu d’escalade à la 2CV après reconnaissance. Evidemment avec de l’altitude, la vue s’améliore.
Sur la route, j’ai vu pas mal de petits barrages qui sont présents en bout de Loch et sont exploités par la « Scottish Hydro Electric ».
« Tiens c’est drôle, je laisse passer un motard et il me fait le signe classique du pied mais toujours du pied droit. Ça fait bizarre quand on roule à gauche ».
C’est en arrivant sur l’Ile de Skye en passant par Kyle of Lochalsh que l’appareil photo me lâche (plus de batterie), qu’importe. J’ai envie de prendre le Ferry à Ardvasar pour rejoindre Mallaig. En passant par Skulamus, j’arrive à terme et c’est là que ça redevient drôle car je dois attendre trois heures le prochain Ferry (c’est tout petit, faut pas s’imaginer Calais).
Je rebrousse chemin (ça fait un autre cul-de-sac) en laissant derrière moi 85% de l’île non visité. J’emprunte la même route jusqu'à Invergarry et là je retrouve Spean Bridge et Dalwhinnie (A86) pour enfin retomber sur la grand route (A9).
Monotone, tel sera le retour ; un peu triste mais bon on remettra ça ! Je passe donc à Pitlochry et Perth avant d’arriver à Edinburgh dans les bouchons, et oui, c’est les retours du dimanche soir ici aussi.
Au final je n’ai pas regardé mon compteur mais j’ai fait mon tracé sur la carte et ça a donné ce week-end !
J’aurai vu toute sorte de panneaux (parfois incompris même le dictionnaire sous les yeux…). Promis, le prochain coup j'anticipe un peu mieux mon voyage en usant du "Guide Vert".